L’édicule du bâton de confrérie de saint Vincent

Du bâton de confrérie de saint Vincent, le musée ne conserve que l’édicule.

Description de l’objet

Conçu en bois peint rouge et doré, l’édicule repose sur un socle triangulaire cerné d’une balustrade en tôle de fer dorée. Faisant les angles, trois colonnettes en balustre auxquelles on a fixé trois porte-cierges (dont un cassé) supportent un dais orné de motifs en toupie rouges et or.

Au milieu de l’édicule, sur un socle hexagonal inscrit ST VI (ou VT), se dresse une statuette de saint Vincent, debout, reconnaissable à sa chevelure brune et à son visage imberbe. Selon la tradition iconographique, il apparaît en diacre, vêtu, par-dessus l’aube, d’une dalmatique rouge et or et portant l’étole en sautoir (de l’épaule gauche au-dessous du bras droit). Il oriente son bras droit vers la poitrine et tient de sa main gauche un livre ouvert, sans doute un missel, faisant allusion à la fonction du diacre. Ce dernier est chargé d’assister les prêtres pendant la messe en lisant et chantant l’évangile. Sur le missel ont été tracés en noir des caractères difficiles à déchiffrer.

A la balustrade de l’édicule sont suspendus des outils de viticulture miniatures encore conservés : deux serpettes – ou gouets – en métal et à manches de bois.

L’interprétation des lacunes : serpette ou grappe de raisin ?

L’intensité des contours noirs autour du regard de la statuette semblent indiquer un repeint. De même, la main droite en mastic de la statuette semble avoir fait l’objet d’une réparation grossière. Percée d’un trou rond, elle tenait sans doute quelque chose. Une première hypothèse veut que le saint ait autrefois tenu dans sa main l’une des serpettes miniatures aujourd’hui présentées suspendues à la balustrade. Toutefois, le diamètre des manches semblant trop important, l’hypothèse a été écartée. Aujourd’hui, par comparaison avec d’autres représentations et notamment avec la statuette d’un second édicule conservé au musée, il semble plus probable que la main droite tenait une grappe de raisin.

Une confrérie espagnole ou portugaise ?

Bien que l’objet ait été livré au musée sans indication sur sa provenance, plusieurs éléments ont pu conduire à la formation d’hypothèses. Tout d’abord, il est peu courant en France de voir un saint Vincent tenant un livre ouvert. Aussi, sur celui-ci, on a pu lire « escola botiga ( ?) », une inscription pouvant laisser penser à une origine espagnole ou portugaise. Le type plutôt méditerranéen de la statuette tend à renforcer cette idée. Une telle origine parait envisageable dans le contexte de l’extension importante du culte de saint Vincent de Saragosse en Espagne et au Portugal.

Les vignerons et le patronage de saint Vincent

Le lien entre la confrérie de la culture de la vigne et la personnalité de Vincent de Saragosse ne parait pas évident au premier abord. En réalité, ce lien a pu être expliqué de plusieurs façons. La raison la plus probable tient à un simple jeu de mot : le nom du saint contient le mot vin. Il se justifie également à travers le rôle du diacre qui est de verser le vin dans le calice pendant la messe. Enfin, certains défendent qu’il s’agirait d’un culte originaire de Bourgogne où saint Vincent serait passé de patron régional à patron du vignoble avant de s’étendre jusqu’en Champagne.

Les confréries de métiers ; une seconde famille

Ce bâton sortait de l’église en procession le jour de la fête du saint, pour la grande fête profane et religieuse des confrères et le banquet. Les confréries de métiers constituaient des communautés de protection, d’entraide reposant sur une solidarité financière et un encadrement religieux défini notamment par le culte d’un saint patron, protecteur de la confrérie. Ainsi, les confréries célébraient par exemple des messes en l’honneur de leurs défunts compagnons dans leur chapelle dédiée et pouvaient s’assurer financièrement de l’éducation des enfants de veuves.

L’objet dans les collections

Les circonstances d’acquisition de cet édicule par le musée ont été perdues. Aujourd’hui, il est exposé dans la zone dédiée aux œuvres des confréries et des corporations auprès d’un second édicule de saint Vincent en bois doré et à décor de feuilles de laurier.

Bibliographie

« Visages de lumière, sculptures du Musée diocésain d’art religieux de Blois », Art sacré : cahiers de rencontre avec le patrimoine religieux, vol., n°17, 2002

SAUVAGE, Jean-Paul, « Un bâton de confrérie de Saint Vincent », La Renaissance du Loir & Cher, 4 avril 2014.

Parole d’objets [podcast]. RCF Radio, 13 octobre 2019, 25 min.

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