Le bréviaire du diocèse de Blois

Le Bréviaire du diocèse de Blois (Brevarium blesense) a été le « compagnon de prison » d’un curé du diocèse de Blois qui fut emprisonné sous la Terreur de 1793 à 1795. Haut de 16 cm et large de 10 cm, il a été conçu avec du papier Bible et une couverture en cuir.

Un bréviaire blésois

Le bréviaire a appartenu à Louis Bouchère, ordonné curé de Talcy en 1787.

La page de garde indique qu’il s’agit d’un exemplaire de bréviaire parmi les livres liturgiques édités à la demande du troisième évêque de Blois, François Crussol d’Uzès. Le titre s’accompagne d’une gravure avec vue de la cathédrale et de l’évêché. Chaque prêtre du diocèse possédait un exemplaire de ce petit bréviaire portatif.

La particularité de ce modeste bréviaire réside dans l’histoire qu’il a partagée avec son propriétaire et que ce dernier a pris soin de rapporter au revers de la couverture.  

L’histoire de Louis Bouchère, emprisonné sous la Terreur

D’après l’inscription, Louis Bouchère aurait reçu son bréviaire vers 1774, date à laquelle il aurait été ordonné sous-diacre. Nommé curé de Talcy en 1787, il prête serment à la Constitution civile du clergé en 1791 avant de rétracter son sermon quatre ans après. Il devient alors réfractaire donc clandestin et poursuivi.

Louis Bouchère est finalement capturé et emprisonné au Carmel de Blois jusqu’à sa libération le dimanche 18 mars 1798 où il retrouve sa paroisse.

En 1802, il est à Villexanton. Le 28 mars, il annote le dos de la couverture de son bréviaire qu’il conserve toujours avec lui.

« Il y a 28 ans que je le dis : MON COMPAGNON DE PRISON. Mon bréviaire est ma consolation. Dieu m’a fait la grâce de n’y pas manquer un seul jour, même dans la terreur et lorsque la persécution m’a fait prendre la [fuite]. »

Inscription au revers de la couverture du bréviaire

Sur les bréviaires

Le bréviaire est une anthologie de la Bible rassemblant les formules de prières quotidiennes. Il est généralement offert au sous-diacre qui s’est engagé au célibat et à dire son bréviaire, c’est-à-dire sa prière quotidienne en union avec les communautés contemplatives au chœur. Le bréviaire du musée contient l’office de matine, l’office des laudes et l’office des vêpres, entre autres.

Conçu avec un papier fin que l’on appelle papier Bible, il est protégé par une boîte que l’on nomme custode et qui, pour le bréviaire du curé de Talcy, ne nous est pas parvenue.

Le bréviaire se divise en quatre volumes correspondant aux quatre saisons. Il s’agit ici de la partie correspondant au printemps.

La redécouverte de l’autre côté de la Manche

Le bréviaire est découvert à l’abbaye de Downside (Royaume-Uni) lors d’un séjour linguistique en Angleterre par l’abbé Paul Huré, professeur d’anglais à l’école Notre-Dame-des-Aydes, dans les années 1920.

Donné au musée dans les années 1930-35, il est aujourd’hui exposé dans la vitrine historique dédiée aux relations entre l’Eglise et Etat (Révolution et Séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905).

Bien qu’il existe des bréviaires aux reliures bien plus sophistiquées, comme on en conserve au sein de nos collections, celui de Louis Bouchère en demeure le plus insolite par son histoire.

Bibliographie

SAUVAGE, Jean-Paul, « Le bréviaire de Blois », La Renaissance du Loir & Cher, 6 mars 2015.

Parole d’objets [podcast]. RCF Radio, 8 juillet 2018, 26 min.

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