Le bénitier de chevet de Perrot

Bénitier en crystal de Perrot

Le bénitier en verre de 34 centimètres de haut est l’œuvre de Bernard Perrot, un verrier du XVIIe siècle basé à Orléans.

Un bénitier tout en verre

Ce bénitier de chevet contenait de l’eau bénite, que l’on pouvait utiliser avant de prier par exemple. Cependant seuls les nobles et les membres de la riche bourgeoisie devaient pouvoir se procurer de tels bénitiers.

Le bénitier de Perrot se compose d’une cuve terminée par un large rebord et au culot fermé par une boule. Le dosseret, très travaillé, est composé d’un motif de cœur formé par un double cordon filigrane incluant un cordon de verre rouge groseille entouré d’un retorti transparent incolore.

Le cœur est surmonté d’une triple hampe (celle du milieu a un filet rouge) terminée en son sommet par une attache pincée. Des cordons latéraux viennent dessiner deux arcs s’appuyant sur le cœur et la base de la hampe. Deux petits filets pincés surmontent les arcs supérieurs. Des cordons étirés et travaillés à la pince forment un zigzag extérieur depuis le haut de la cuve jusqu’au sommet de la hampe.

Trois marguerites inscrivent la cuve dans un triangle. Celle du centre présente une double rangée de pétales gaufrées et un capitule rouge. Les autres, plus simples, ont un capitule bleu cobalt.

Le « rouge à l’or » de Perrot

Les bénitiers connus de Perrot ne comportent pas de fleurs, celle-ci en présente trois. Néanmoins, des fleurs identiques sont présentes dans d’autres verreries de Perrot comme sur son présentoir exposé en 2010 à Orléans. La récurrence de ce motif en renforce l’attribution. On parle en effet d’attribution, car les verreries de Perrot ne sont jamais signées.

Bénitier en crystal de Perrrot

Par ailleurs, le capitule rouge de la marguerite central est un témoignage du rouge groseille, dit « rouge à l’or », spécialité de Bernard Perrot, qui en a déposé le brevet en 1668.

Dans le cas de ce bénitier, Perrot semble avoir utilisé plusieurs méthodes de travail du verre, puisque celui-ci a été, selon les sections, teinté, moulé, soufflé mais aussi étiré et travaillé à la pince.

Les verriers d’Altare au XVIe siècle

Bernardo Perroto, francisé Bernard Perrot, nait à Altare dans une nombreuse famille de verriers, en 1640. Il installe sa verrerie à Orléans dès 1668. Celle-ci est reprise par la suite et ferme en 1792. Bernard Perrot décède à Orléans en 1709.

En effet, à la fin du XVIème siècle, Louis de Gonzague-Nevers et sa femme Henriette de Clèves invitaient des verriers d’Altare. Nevers s’était ainsi fait une spécialité de verres filés. Ces verres se travaillaient en table avec soufflet et lampe à huile.

Au début les « mailles et canons » (baguettes) venaient d’Italie. Ensuite, vers 1750, les matériaux étaient fournis par Madame Borniol à Nevers. Emportant leurs matériels, de nombreux verriers de Nevers partaient travailler dans d’autres départements et vendaient sur place. Les productions voyageaient ainsi souvent sur la Loire.                                                                                                          

Le chef-d’œuvre d’un artiste régional

Les conditions d’acquisition de cette œuvre par le musée nous sont aujourd’hui inconnues. Toutefois, ce bénitier de chevet, est un témoignage de la grande maitrise du verrier orléanais Bernardo Perrot et constitue sans doute la plus belle démonstration du travail du verre au sein des collections du musée.

Bibliographie

Parole d’objets [podcast]. RCF Radio, 9 juin 2019, 24 min.

Partagez l'article avec vos amis sociaux :