La Vierge au coussin vert

La vierge au coussin vert

Cette huile sur toile, représentant la Vierge Marie allaitant l’Enfant Jésus, fut réalisée en 1656 par le peintre blésois Jean Mosnier. Il s’agit de la copie d’une œuvre peinte par Andrea Solario entre 1507 et 1510 pendant son séjour en France et aujourd’hui conservée au Louvre.

La copie face au chef-d’œuvre du maître

L’œuvre de Jean Mosnier, un peu maladroite dans le traitement des ombres et des coloris, reproduit la Vierge au coussin vert d’Andrea Solario, œuvre qui s’inscrit dans le courant pictural d’humanisation progressive de la figure du Christ-Enfant.

La Vierge, voilée et vêtue de son traditionnel manteau bleu sur une tunique rouge, se penche, dans une attitude maternelle, pour allaiter l’Enfant Jésus qui a attrapé son pied droit. Le parapet qui introduit de la profondeur, est un des apports nordiques auxquels le milieu lombard d’Andrea Solario se montre très ouvert. De même que l’ouverture sur un fond paysagé et le vert du coussin rappellent l’influence vénitienne des Madones de Bellini, de Giorgione ou de Titien (cf. Madonna Brera, Madone du retable de Castelfranco, Madonna Zingarella). Le canon de la Vierge d’Andrea Solario est celui des Madones de De Vinci.

La copie de Jean Mosnier tend à accentuer les contrastes d’ombre et de lumière par rapport à l’original. Les contours sont plus marqués et le sfumato moins maitrisé que celui d’Andrea Solario qui demeure l’un des plus importants peintres de l’école de Léonard de Vinci.

Le souhait de Marie de Médicis

Au début du XVIIème siècle, la peinture d’Andrea Solario se trouvait au couvent des Franciscains à Blois sans que l’on ne sache bien pourquoi. Ce que l’on sait, cependant, c’est que la famille royale vouait une dévotion particulière aux Franciscains du couvent de Blois dont la chapelle contenait les sépultures de la famille d’Orléans ; la mère et la grand-mère de Louis XII, notamment, avaient été enterrées là. Or, lors de son exil à Blois entre 1617 et 1619, Marie de Médicis, veuve d’Henri IV et mère de Louis XIII, remarqua et acheta cette peinture, dont elle exigea que l’on fasse des copies afin de restaurer son image de reine mère. Deux de ces copies sont encore aujourd’hui conservées à Blois : l’une au château et l’autre, peinte par Jean Mosnier, appartient au Musée d’Art Religieux.

Blois, ville royale, ville tremplin de la Renaissance française

Cette peinture est particulièrement intéressante, en ce qu’elle témoigne de l’importance qu’avait autrefois la ville de Blois dans le royaume de France. Cette importance se manifeste dès le règne du puissant roi Louis XII, né blésois, qui en fit la seconde capitale du royaume. Devenu maître, en 1500, de la quasi-totalité de l’Italie, cette conquête lui permit de découvrir l’art de la Première Renaissance qui le fascina et qu’il voulut reproduire dans son royaume. Ainsi, Louis XII, puis son successeur François Ier, firent venir de nombreux artistes italiens en France. En ces temps, le château de Blois et le château de Bury foisonnaient de peintres, de sculpteurs, d’architectes, de musiciens et de savants italiens. Les jardins du château royal de Blois ont notamment été réalisés par un Napolitain, Don Pacello De Mercoliano.

L’influence de cet art italien du Quattrocento se perçoit encore aujourd’hui dans le paysage de la ville à travers l’architecture de l’aile Louis XII du château ou à travers celle de la façade de l’hôtel d’Alluye.

C’est dans ce contexte que, avant même le règne de François Ier et la venue de Léonard de Vinci, Andrea Solario, s’expatrie en France où il peint la « Vierge au coussin vert », aujourd’hui conservée au Louvre.

Une autre œuvre peinte, une fresque, provenant du réfectoire du couvent des Franciscains et aujourd’hui conservée au musée des Beaux-Arts de Blois, a un temps été attribuée au peintre Andrea Solario pour sa manière léonardesque. Cette fresque reproduit, en effet, La Cène de Léonard de Vinci. Toutefois, on attribue désormais cette œuvre à un peintre français de la Renaissance qui demeure anonyme.

Acquisition

Ce tableau est l’une des premières œuvres à intégrer les collections du musée crée dans les années 1930. Elle a été acquise grâce au don de M. De Bélenet.

Bibliographie

Parole d’objets [podcast]. RCF Radio, 4 avril 2021, 25 min.

Encyclopaedia Universalis, Universalis [en ligne], 2022.

Editions Larousse, Larousse [en ligne], 2022.

Wikimedia Foundation, Inc., Wikipédia [en ligne], 2022.

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